COEURDEROY Jean, Charles, Herneste, Ernest
Medico, giornalista, scrittore
Docteur en médecine, journaliste, écrivain, homme politique.
Avallon (Francia) 23.1.1825 da Charles - Fossart GE 26.10.1862
Né le 23 janvier 1825 à Avallon (Yonne) (Jean, Charles, Herneste Cœurderoy), mort le 26 octobre 1862 au hameau de Fossart, près de Genève (Suisse).
Il était le fils de Coeurderoy Charles. Il fit ses études au collège Sainte-Barbe et à Tonnerre, puis il alla faire sa médecine à Paris (1842-1845). En 1845, il devint interne des hôpitaux de Paris. Il entra dans la vie politique en 1848. Après les Journées de Juin, il professait des " opinions révolutionnaires socialistes intransigeantes ".
Au début de 1849, il entra au comité central du " Comité démocratique socialiste des élections ", puis à la commission exécutive permanente de ce groupement, ainsi que du Comité des Étudiants. Il en démissionna en avril. Impliqué dans l'affaire du 13 juin, il dut s'enfuir en Suisse et fut condamné par contumace, par la Haute Cour de Versailles, à la déportation.
Il se fixa d'abord à Genève d'où, en août et au début de septembre, il effectua un rapide voyage en Suisse et en Savoie. Mais le gouvernement de la Confédération, cédant aux pressions de la France, décida, le 11 septembre 1849, de défendre aux proscrits français de séjourner à moins de huit lieues de la frontière de leur pays, ce qui leur interdisait Genève. Au début d'octobre 1849, Coeurderoy s'établit à Nyon avec le représentant A. Rolland, où il cosigna une réponse à la déclaration de leurs amis de Londres, datée du 9 octobre et reproduite dans la presse, mais dix jours plus tard, ils rejoignirent Lausanne jusqu'à mars 1851. Il y reçu de nombreuses visites, tant familiales que politiques. Des correspondances permettent de déceler chez lui à la fois une volonté de venger les défaites de 1849 et son évolution future. Le 18 février 1850, il fut cosignataire de l'Appel aux démocrates socialistes du département de la Seine publié par Boisseau et Cie.
Expulsé de Suisse, il se réfugia à Bruxelles, mais en fut chassé un mois plus tard parce qu'il s'était fait inscrire au bureau des étrangers sans passer par l'Hôtel de Ville, ce qui n'était qu'un prétexte. Il résida alors deux ans en Grande-Bretagne. En 1853, il partit pour l'Espagne et, en 1854, pour l'Italie. En 1855, il épousa la fille de Germain Rampont-Léchin, ancien représentant démocrate de l'Yonne à la Constituante.
Pendant ses années d'exil, il consacra l'essentiel de son temps à des activités littéraires. Il adressa un certain nombre d'articles au journal de l'Yonne, L'Union républicaine et, surtout en Angleterre, il fit éditer plusieurs ouvrages. Il définit sa conception du socialisme dans un article paru dans L'Union républicaine du 30 octobre 1850 : " Absolutisme et Socialisme " : " Le socialisme, disait-il, c'est la Liberté, l'Égalité, la Fraternité, c'est la Vérité venant du peuple, c'est le droit de vivre assuré par le travail, la République, l'émancipation de l'entendement humain, l'instruction publique, gratuite et obligatoire, la répartition entre tous des richesses produites par tous. "
En fait, Ernest Coeurderoy était un solitaire. Il combattait vivement les chefs républicains et socialistes dont il rendait les ambitions et les dissensions responsables de la défaite de la révolution de 1848. Sous la triple influence de Fourier, de Pierre Leroux et de Proudhon, son système était une " synthèse de collectivisme et de mutuellisme libertaires ". Il réclamait la propriété collective des moyens de production, le libre accès pour tous aux instruments de travail, la propriété individuelle et l'échange mutuel des produits du travail. Dans les sociétés obscures et exaltées de l'exil, il appelait de ses voeux l'invasion des Cosaques, seule capable, à ses yeux, de régénérer l'Occident et de provoquer la révolution que ni la bourgeoisie ni le prolétariat n'étaient capables de déclencher.
Il refusa l'amnistie de 1859. Malade depuis assez longtemps, il se suicida dans une crise de dépression nerveuse ou de folie. « La mort de Cœurderoy n’a pas été bien connue à Genève et fort peu de personnes l’ont accompagné à sa dernière demeure, le citoyen [Ferdinand] Jannot, qui était son voisin et son ami, était à peu près seul. » (Lettre de François Dupleix à Jacques Gross, 3.12.1895, CIRA)
Les anarchistes et notamment l'érudit Max Nettlau l'ont tenu pour un des leurs. C'est Jacques Gross qui redécouvrit ses écrits en 1876, en fit publier des extraits dans le Révolté et permit à Max Nettlau de publier les Jours d'Exil chez Stock. En 1911, ils imaginèrent tous deux de racheter la propriété de Cœurderoy à Tonnerre, mais le projet n'eut pas de suite.
OEUVRES : E. Coeurderoy, Hurrah !!! ou la révolution par les cosaques, Londres, chez l'auteur, 1854 ; Œuvres (Jours d'Exil), Paris, Stock, 1910-1911, 3 volumes ; Autres écrits d'exil : et divers textes le concernant, Dannemoine 1988.
FONTI: DBMOF / ME / Collection de L'Union Républicaine et l'importante introduction de Max Nettlau aux Œuvres d'Ernest Coeurderoy. -- Pierre Angrand, Victor Hugo raconté par les papiers d'État, Paris, 1961. -- M. Vuilleumier, « Trois lettres inédites d'Ernest Coeurderoy », International Review of Social History, vol. XI (1966), Part 2. Alain Brossat et al., Ernest Coeurderoy, 1825-1862 : révolution, désespoir et prophétisme, Paris, L'Harmattan 2004.
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