BARBET Virginie
Tenancière d'un débit de boissons
De la biographie de Virginie Barbet, on ne sait quasiment rien. Son nom apparaît à Lyon, en juillet 1868, parmi les signataires d’un manifeste de soutien à la Société parisienne pour la Revendication du Droit des Femmes et aux côtés d’autres femmes membres de l’Internationale, Mmes Richard, Palix et Blanc : « Pénétrées de cette vérité que l’ordre ne sera établi dans la société que le jour où la femme y sera ce que l’a faite la nature, c’est-à-dire égale à l’homme, nous nous unissons aux dames de Paris dans leur courageuse entreprise pour la revendication des droits religieux, moraux, sociaux et politiques de la femme. » Elle est tenancière d’un « cabaret », rue Moncey 123 à Lyon.
En octobre 1868, au congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté à Berne, elle parle au nom des femmes de la social-démocratie lyonnaise. C’est lors de ce congrès que Bakounine et ses amis quittent la Ligue pour fonder l’Alliance internationale de la démocratie socialiste. Virginie Barbet n’y entre pas tout de suite mais elle est parmi les fondateurs du groupes lyonnais de l’Alliance, en juin 1869. Elle est restée bien silencieuse tout au long de la grève des ovalistes, qui réclament entre autres des augmentations de salaires: pour elle il s’agit de « faire disparaître au plus tôt cette dernière forme de l’aristocratie ». En revanche, elle est proche de Bakounine quand elle écrit : « Egalitaires convaincus, nous voulons arriver à l’égalité non par la liberté politique, liberté ridicule qui laisserait subsister cet esclavage civilisé qu’on appelle le prolétariat, mais par l’abolition du droit d’hérédité, moyen sûr et décisif dans ce temps où l’on a si grand besoin des moyens sûrs, décisifs ». Elle va écrire plusieurs articles dans les journaux de la tendance bakouninienne de l’Internationale en Suisse, l’Egalité et la Solidarité, sur la question de l’héritage, de la famille, de l’armée: « C’est par un acte révolutionnaire, celui du refus de la conscription, qu’on doit protester et non par d’inutiles réclamations. […] Faites cela, citoyens, le monde entier vous applaudira et vous aurez bien mérité de la révolution. »
Elle signe encore un appel demandant aux femmes de soutenir la grève des métallurgistes en avril 1870. Mais son texte le plus élaboré est probablement la brochure "Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini" qui paraît peu après la fin de la Commune de Paris. Le titre est presque identique à l’article contemporain de Bakounine. En été 1871, elle est probablement exilée à Genève avec d’autres proscrits lyonnais; c’est en tout cas là qu’elle publie sa brochure "Religions et libre-pensée", en 1881. Elle participa à un débat, lors de la commémoration de la Commune de Paris le 18 mars 1881 à Genève, qui réclama la mort pour le tsar Alexandre II (Révolté, 2 avril 1881 ; voir aussi sous BARBET Madeleine).
Dernière trace, un ou une V. Barbet publie un petit ouvrage chez Auguste Réty, imprimeur-éditeur à Meulan (Ile-de-France), en 1901: "Rayon d’avenir, l’abolition du paupérisme". Le ton peut vaguement faire penser à notre Virginie, mais aucun document n’atteste qu’elle en soit l’auteure.
FONTI: ME / Antje Schrupp, "Nicht Marxistin und auch nich Anarchistin: Frauen in der Ersten Internationale", Königstein 1999 / "Virginie Barbet, une Lyonnaise dans l'Internationale", Lyon, Atelier de création libertaire, 2009 /
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